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l'Islam n'est pas que l'accumulation des "hassanates"

Durant le dernier mois sacré du jeûne, un vieux souvenir datant du collège m’est revenu à l’esprit.

Lors d’un cours d’éducation islamique, la professeure abordait le sujet de l’usure (Ribâ) et de l’emprunt bancaire avec intérêts.

Mon but ici n’est pas de débatte pour savoir si profiter des intérêts bancaires est licite ou non en Islam mais de revenir sur la question qu’avait posée un élève durant ce cours d’éducation islamique, et sur la réponse qu’il avait obtenue.

En effet, cet élève s’est demandé si quelqu’un, ayant reçu de la banque une somme d’argent qu’il ne pense pas mériter, pouvait en faire bénéficier les plus démunis en leur octroyant l’aumône.  Sur quoi la professeure avait répondu que cette personne ne recevrait pas de « hassanates », autrement dit qu’elle ne serait pas rétribuée pour son acte dans l’au-delà. L’élève a alors fait une réflexion assez juste mais également émouvante : « Ce n’est pas grave madame, l’essentiel c’est que les pauvres aient de quoi manger. »  Une réponse pleine de bon sens pour un adolescent de 13 ou 14 ans qui pense à faire le bien sans songer à ce qu’il pourrait recevoir en retour ici-bas ou dans l’autre monde, malgré le raisonnement plutôt calculateur de sa professeure.  

En effet, il n’est pas saint d’habituer les enfants ou les adolescents à ne penser qu’en terme de rétribution qu’ils pourraient recevoir dans l’au-delà s’ils ne la reçoivent pas de leur vivant, car même leur rapport aux autres en est ainsi perverti. Non seulement ils penseront en termes calculateurs mais ils se méfieront aussi de toute personne qui ne semble pas régler toutes ses actions selon une conception bien déterminée de ce qui que l’ont doit dire ou faire, en vie d’obtenir une récompense méritée le jour du jugement dernier.

Cela nous ramène à la conception de l’amour en Dieu (El Houb Fi Allah) qui désigne le fait d’aimer son prochain pour la cause de Dieu.

Principe louable s’il implique une forme de désintéressement vis-à-vis des avantages ou des biens matériels que l’on peut obtenir sur terre, à condition qu’il ne conduise pas à des calculs souvent contradictoires en vue d’être rétribué dans l’au-delà. Dans ce contexte, il est bon de rappeler cet épisode dans la vie de la mystique soufie du 8e siècle Rabia Al Adawiyya :

Un jour, plusieurs soufis rencontrèrent Rabia qui courrait, portant du feu dans une main et de l'eau dans l'autre. Ils lui dirent : « Ô Dame du monde futur, où vas-tu, et que signifie tout cela ? »
Elle répondit : « Je vais pour incendier le paradis et noyer l'enfer, en sorte que ces deux voiles disparaissent complètement devant les yeux des pèlerins et que le but leur soit connu, et que les serviteurs de Dieu le puissent voir, lui, sans objet d'espoir ni motif de crainte. »

Lyes Ferhani

 

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