Tout le monde s’est accordé à dire que Hilary Clinton n’était sûrement pas la candidate idéale pour le parti démocrate lors des dernières présidentielles américaines.
Elle est impliquée à tord ou à raison dans des affaires de corruption, comme elle est accusée d’avoir utilisée sa messagerie privée non protégée à des fins professionnelles. On lui reproche d’avoir envoyé des informations secrètes. Même si elle nie tout en bloc, c’est peu dire que sa personnalité ne faisait pas l’unanimité. Cela dit, elle a accordé récemment un entretien au journaliste indo-américain Fareed Zakaria. Elle y a parlé, entre autres, du programme qu’elle avait proposé lors des dernières présidentielles américaines. Selon elle, ses idées ont été éclipsées par de nombreuses polémiques fabriquées pour nuire à sa compagne.
On reproche souvent au Parti démocrate américain d’entretenir le flou sur d’importantes questions, au profit d’une vision libérale de l’économie. Ce qui fait que pour de nombreux électeurs, il n’est pas évident de faire la distinction entre démocrates et républicains.
A ce propos, Hilary Clinton est revenue sur la question de l’émigration par exemple, et notamment l’immigration clandestine.
Elle a ainsi rappelé qu’elle a toujours milité pour que les enfants des immigrés aient accès aux mêmes services dont bénéficient les autres Américains.
Pour être plus précis, elle a évoqué la question de l’apprentissage de la langue anglaise, qui est nécessaire aux enfants d’immigrés s’ils veulent être scolarisés et, pourquoi pas, suivre des études supérieures. Cette question de la langue comme moyen du vivre-ensemble n’est pas perçue de la même façon par les progressistes américains. L’un d’eux m’avait dit un jour, sur un forum internet, qu’il avait un jour travaillé sur un chantier avec des gens parlant 140 langues différentes, et que la Constitution américaine ne mentionne à aucun moment l’existence d’une langue officielle. Après avoir vérifié, j’ai constaté qu’aucune langue officielle n’a été adoptée au niveau fédéral mais que l’anglais est la langue du gouvernement, et aussi la langue officielle dans 32 états sur 50. Mais le plus important est que même les personnes bien intentionnées ne voient les choses, parfois, qu’à travers le prisme des lois, et ne pensent pas en termes pratiques, voire de façon pragmatique. On dit pourtant que la pensée pragmatique a façonné l’esprit des Américains.
Certes, il est concevable que les représentants de 140 nationalités travaillent sur un chantier durant une certaine période (c’est même inimaginable en dehors des Etats-Unis) mais comme il a été indiqué plus haut, la scolarité des enfants d’immigrés est importante, et il est difficile de la concevoir en dehors d’une langue parlée par la quasi-totalité des Américains, même si l’espagnol peut-être utilisé pour les numéros d’urgence.
Une chose est sûre, quelque soit leur bord, les futurs candidats à la présidentielle américaine devront prendre au sérieux les questions d’émigration et d’intégration, en employant ce dernier terme au sens large, loin des considérations idéologiques trop étroites.
Lyes Ferhani